-texte publié dans le cadre du magazine OXYMORE 2019-
Chaque année en France c’est 500 km², l’équivalent de la métropole nantaise, de terres fertiles qui sont artificialisées (bétonnée ou bitumée). -rapport de la Fédération Nationale des Safer (sociétés d'aménagement de l'espace rural) de mai 2017-
On a beaucoup parlé de la disparition des surfaces agricoles, nourricières et économiquement rentables. Mais il en va de même avec les terrains « nus », les espaces boisés et les zones humides. Non nous ne sommes pas là pour vous parler de la ZAD, qui parle très bien toute seule, mais bien d’une autre manière de penser l’architecture et tout particulièrement l’expansion de la ville (le mieux étant de rehabiliter ce qui existe et densifier les zones déjà construites).
Tout commence lorsque la commune de Malville (au Nord de Nantes, près de Savenay) propose un de ces terrains pour l’expérimentation d’un « habitat périurbain innovant » dans le cadre d’une démarche du Pole métropolitain Nantes Saint Nazaire.
La Maison Régionale de l’Architecture des Pays de la Loire lance à cet effet un appel à architecte en octobre 2018. Nous voilà partis à la découverte de ces zones « à urbaniser ».
Imaginez, vous faites un petit tour sur Google Map et voici le point de vue sur la zone à construire :
Gloups. Pas vraiment envie d’y toucher.
Alors nous décidons de proposer d’habiter avec le bois et pas à la place.
Car il faut « ménager » le territoire, pas faire le ménage.
Trouver de la richesse et une qualité de vie dans la biodiversité et l’ambiance déjà présente.
Il y’a d’autres solutions que le bétonnage et le bitumage non ?
Et si on recherchait « l’intervention non interventionniste » ?
Maintenant les gens payent pour se ressourcer en faisant des câlins aux arbres… FREE HUGS à Malville !
Car ce lieu a bien quelque chose de magique, avec ces grands arbres et la présence du humus au sol, son odeur et la vie qu’il accueille. On imagine que les Malvillois s’y adonnent à des ballades et des cueillettes de champignons…
Certes, l’idéal serait d’éviter tout étalement urbain, mais cette parcelle déjà située entre le terrain de foot et l’ancienne station service permet d’envisager une alternative à un nouvel ensemble d’habitat intermédiaire (beau et bien pensé peut-être mais qui va détruire et ignorer ce qui était là avant).
Au vue de l’attrait naturel du site et de la grandeur de la parcelle nous proposons ici l’expérimentation d’un habitat non interventionniste. Des maisons et petits collectifs sur pilotis, entre les arbres et parmi les arbres, en bonne intelligence avec l’environnement. Toilettes sèches, récupération d’eau, réduction des nuisances lumineuses, compost, nids d’insectes et structures suspendues ou sur pilotis.
Créer des opportunités en plus pour la vie végétale et animale, compenser l’espace que l’on occupe par des adaptations aux bénéfices de la biodiversité présente.
Et pourquoi pas adapter les sous-faces des maisons sur pilotis au maintien du biotope existant ?
De même les toitures pourraient abriter autant de nids (s’ils sont pensés comme tels, l’entretien sera rendu facile) et les façades végétalisées seraient accueillantes pour les insectes et plantes indigènes.
Se fondre dans la nature et faire partie d’un lieu autant que celui-ci vous imprègne avec les sonorités des chants d’oiseaux, l’odeurs des saisons et le sourire des rayons de soleil qui se balancent au rythme du vent dans les branches… Oui, il faut rêver un peu. Car nous osons croire que si l’habitat péri-urbain séduit ce n’est pas uniquement à cause de son prix compétitif. Mais c’est aussi pour un attrait toujours plus grand pour la sérénité de la campagne, la présence de la nature. Alors, s’il-vous plait, ne créez pas la ville là où le sol est si bien habité.
Faites une colloc' : apprenez à vivre avec les êtres vivants déjà présents là où vous vous implantez.
Pukeko Architecture 2024